02/11/2059 : L’humanité est-elle prête à un nouvel Abou Simbel ?

Le site antique de Damas, la ville de la Nouvelle Orléans, la cité de Venise, Les statues de l’île de Pâques, la vile de Salzbourg, celle deHoi An au Vietnam… la liste des sites appartenant au patrimoine de l’humanité et menacés par les changements climatiques ne cesse de s’allonger. Une question se pose de manière de plus en plus présente : la communauté des nations est-elle prête à engager les moyens nécessaires à la sauvegardes de ces ensembles qui font la richesse culturelle de notre histoire par sa diversité. Ce qui a été réalisé en 1958, pour sauver le site d’Abou Simbel, sur le cours du Nil en Egypte, de l’immersion inéluctable du fait de la construction du barrage de Haute Barrage d’Egypte avait été un tour de force : 60 mille de tonnes de pierre démontées une à une, identifiées, numérotées de 1 à 1600 et de nouveau assemblées pour que les générations futures puissent continuer à jouir de ce joyau de l’architecture pharaonique.

abou-simbel

Aujourd’hui, on ne parle pas d’un site mais de dizaines. On parle plus en milliers de tonnes ou de mètres cubes mais en millions… on n’attend plus l’aide de quelques nations mais ce sont bien toutes les nations de la planète qui doivent mettre en place un vaste plan de sauvegarde de ces héritages du passé.

Face à l’ampleur d’une telle entreprise, s’opposent une nouvelle fois réalisme et idéalisme. Et les mêmes groupes qui se sont déclarés opposés à des projets tels que celui de l’ascenseur spatial se prononcent ouvertement contre ce projet de sauvegarde d’un héritage dans lequel ces groupes ne se reconnaissent pas. Ces chefs-d’œuvres en péril sont les manifestations d’un monde avec lequel ils se veulent en totale rupture : « Comme la perte des Bouddhas de Bâmiyân participèrent à concrétiser l’ampleur de l’extrémisme des talibans d’Afganistan, auprès du grand public, au début du XXIe siècle, ces sites immergés et à jamais perdus seront d’autres jalons sur le long chemin de prise de conscience par lequel l’humanité doit passer pour se sauver de ses propres excès ! » Les coûts des opérations entrent, bien évidement en ligne de compte dans la démarche des opposants à ce grand projet déjà nommé le NAS Project (New Abou Simbel Project).

Le NAS ne manque pour autant pas de soutiens. Que ce soit par le mécénat industriel ou trans-national, au travers de fondations culturelles ou tout simplement avec l’aide d’états de toutes tailles, ces soutiens, qui se sont organisés en commençant par la constitution d’un comité scientifique d’experts. Ce dernier, par la voix de son porte-parole, rappelle que le context contemporain n’est plus le même qu’au moment du « premier Abou Simbel ». Ce qui, à l’époque, pour les équipes, constitua un travail pharaonique, au sens propre du terme, pourrait être réalisé avec beaucoup plus de pragmatisme grâce au soutien des nouvelles technologies : au premier chef desquels ont peu bien évidement citer la robotique et sa conscience artificielle. « Il ne serait in-envisageable de confier l’entreprise de sauvegarde d’un site (analyse, sélection d’un nouveau lieu, déplacement, adaptation du nouveau site d’implantation et reconstitution) à une IA qui se structurerait autour de l’ensemble des éléments qui constituent le site à déplacer (éléments physiques tout autant que culturels ou esthétiques). Son instinct artificiel de survie présiderai aux déplacements d’une myriade de robots, tous soumis à cette IA. On pourrait être sûr que le nouveau site choisi, tout comme les moyens mis en œuvre, en plus s’insérer dans le cadre des lois de la robotique, respecterai bien mieux qu’une entreprise humaine les richesses de ces cites uniques et indispensables à la mémoire de l’humanité ! »

Le comité scientifique du NAS soumettra, sous peu, à l’Assemblée Générale des Nation Unis un calendrier des travaux à entreprendre. Les deux camps fourbissent leurs armes pour ce grand oral aux implications planétaires.

© Olivier Parent – prospective.lecomptoir2.pro

2 nov. 2009