COMMENT EN EST-ON ARRIVE A UN TAUX D’EQUIPEMENT DE PRET DE 95 % de la population en matériel informatique mobile, à l’échelle de l’Europe ? Grâce à ce qui longtemps resta l’arlésienne de l’Education Nationale française : le Cartable Electronique Pédagogique (CEP), cet outil informatique qui devait alléger les cartables (sait-on encore ce qu’est cet objet, aujourd’hui ?) de nos chères têtes blondes (sont-elles encore blondes ???).
Pour que le CEP devienne réalité, plus qu’une volonté politique, il aura fallu attendre la maturation des parties software (logicielles) qu’hardware (matériel). Les tentatives avortées n’ont pas manqué. L’année zéro du CEP pourrait être datée à janvier 2010, date de sortie de l’antique, mais néanmoins mythique, iPad d’Apple.
Quelques années plus tard, était mis en place, au niveau de la France et d’autres pays européens tels que l’Allemagne ou le Royaume Uni, un système de location-vente subventionné par les états qui permettait à un élève, tout au long de sa scolarité d’avoir sa tablette électronique. Grâce à ce système, le CEP restait sous garantie et restait mis à jour le temps de la scolarité. Arrivé au bac., l’élève gardait son CEP. Voilà comment équiper une population en un peu moins de 20 ans. Libre, après cela, à l’heureux propriétaire de continuer les mises à jour de sa machine ; il se trouvait en possession d’un outil de navigation tout à fait adéquat, à bas coût.
Autre évolution qui tourne autour du CE : l’embryon de ce qui plus tard allait devenir les PEMA. A l’initiative de l’Education nationale, fut créé des adresses électroniques pour ses élèves avec la garantie d’une protection qui tombait sous le droit de la protection de la propriété privée. Gare aux spammeurs et autres hackers qui tentèrent d’utiliser ses adresses illégalement. L’utilisation de ses adresses étant, au début, également restreintes : les élèves ne pouvaient en faire n’importe quoi ! Mais les principes des PEMA était posés.
Par ailleurs, bien que la guerre des OS aboutie à une gestion par académies des CE, cela incita les services informatiques de l’Education Nationale à développer des contenus accessibles, indépendamment de l’OS. Cette situation permit surtout la généralisation du cloud computing : rien dans la machine, tout sur les serveurs ! Autre conséquence, l’accélération du déploiement de l’Hypernet sans fil à l’échelle du pays.
Après 30 ans de CE, désormais déployé à l’échelle de l’Europe entière, reste un dernier constat à faire : n’a-t-on rien perdu avec le CEP ? Principalement dans l’apprentissage de l’écriture. Et, cet apprentissage reste-t-il pertinent ? Le papier organique ou synthétique à été remplacé par le papier électronique, connecté à la tablette électronique de l’élève… mais il semble bien que la pratique de l’écriture soit en perte de vitesse. D’ici peu, ne verra-t-on pas apparaître une nouvelle fracture technologique, entre les individus maîtrisant l’écriture et ceux dépendant plus ou moins systématiquement d’un clavier ? Le CE ne créerait-il pas une rupture technologique grave ?
© Olivier Parent – prospective .lecomptoir2.pro