La quasi-faillite d’EuroTracks entre au tribunal de Commerce de Nanterre sous le feux des médias. Les petits actionnaires n’entendent pas se laisser spolier sans réactions, selon les propos de Maître Korell—Hassin, l’avocat de la principale association de défense de petits porteurs, constituée après l’effondrement du groupe européen.
Outre les éventuelles erreurs de gestion, les petits actionnaires réunis en Class Action, souhaitent voir se dérouler le procès de la concession du Duplex, tunnel de l’ancien périphérique A86, qui relie toujours Rueil-Malmaison à l’échangeur de Velizy. Tunnel entré en service au tout début de l’année 2011, il avait coûté plus de 2 milliards d’euros. A cette date, Cofiroute, aujourd’hui filiale d’EuroTracks, était maître d’œuvre du tunnel et en avait acquis la concession pour 75 ans.
« Assurer la gestion d’un tel ouvrage, sur une telle durée, au prix que l’on sait, était irresponsable ! » clame Maître Korell—Hassin, le controversé avocat qui s’est engagé dans la défense des milliers d’actionnaires particuliers ruinés par la disparition vraisemblable de ce poids lourd du CESE (Central European Stock Exchange).
Il est vrai que rétrospectivement, l’affaire semblait vouée à l’échec : au cours des dernières décennies, le nombre de PAV (véhicule particulier autonome) n’a fait que décroitre, au point que l’A86, tout comme bien d’autres ouvrages similaires de part l’Europe et le monde, soit devenu des gouffres qui plombent les comptes des sociétés concessionnaires. D’autant plus que les états, partenaires institutionnelles et financiers de ces ouvrages, n’ont jamais hésité à demander des comptes aux concessionnaires, indemnités à la clef en cas de défaut des services contractuels, grevant d’autant la comptabilité des dits concessionnaires.
Autre paramètre non-anticipé, fait remarqué Maitre Korell—Hassin, mais prévisible : la disparition prévisible des carburants d’origine fossile pour l’usage des particuliers : Les états, pour leur défense, n’ayant pas plus anticipé cette pénurie, ont fait de ces carburants des matières premières stratégiques, s’en réservant l’usage, le temps que les matériels militaires fonctionnant avec de nouveaux carburants soient développés (voir FuturHebdo Le 06/08/57 : Pétrole et Mat).
D’autres raisons à cet échec sont avancés, dont la robotisation des PAV entrainant une circulation Pear To Pear plus fluide et plus sûre, mais bien plus lent. Cette robotisation a incité les utilisateurs-conducteurs à se tourner vers les transports en communs. Les automobilistes (vous souvenez-vous de ce terme ?) devaient pourtant assurer le bon financement de cette construction pharaonique par leurs passages dans le Duplex, moyennant un péage substantiel.
Les défenseurs de EuroTacks et de Cofiroute, deux équipes d’avocats ont été constituées indépendamment – cela fait attendre de belles empoignades dans le camp de la Défense – avancent d’autres arguments en faveur de cet engagement qui date d’un demi siècle : la participation au service universel que se doit un état dans le développement des infrastructures accessibles à la population. « On ne pas revenir en arrière et faire des procès à posteriori alors que le service rendu à l’époque était évident » se défend le porte-parole d’EuroTracks.
Une chose est sûre : ce procès n’est ni le premier et encore moins le dernier. Celui-ci comme les autres sera le procès de la fin d’une aire (industrielle) par une autre post-industrielle qui lui succède, à moins qu’il faille lui trouver une autre dénomination.
© Olivier Parent – prospective.lecomptoir2.pro