En matière de production énergétique durable, la démesure continue son essor dans le désert australien : la quatrième génération des turbines atmosphériques vient d’entrer en fonction. Au cœur du désert australien, cette nouvelle génération prend la forme de tours, hautes de 2500 mètres. A 200 km. au nord-ouest de Coober Pedy, la nouvelle ferme compte six de ces géants. Ces tours creuses génèrent un courant d’air artificiel provoqué par les différences de pression atmosphérique entre ses deux extrémités. A l’intérieur des tours, ce flux d’air entraine des éoliennes réparties sur toute la hauteur de la tour. Les équipes de contrôle des tours peuvent, à volonté, ouvrir ou fermer des évents, eux-mêmes échelonnés le long des tours, permettant d’optimiser le fonctionnement de chaque tour, en fonction des différences de températures et de pression atmosphérique entre les extrémités de chaque tour, la vitesse de rotation de chaque éolienne participant à la stabilisation de sa tour comme un gigantesque gyroscope.
La quantité énergie électrique produite au cœur du désert australien est équivalente à celle générée par une petite centrale nucléaire. Au delà du rendement, ce qui fait toute la valeur de cette nouvelle génération de turbines est l’adjonction de filtres nanocatalytiques. Ces filtres à particules, eux-mêmes issus de recherches récentes, sont appelés à participer activement à la réduction de la pollution planétaire, à la proportion de la taille globale des parcs de tours qui, dans tous les déserts du monde, ne cesse de croître.
Il n’est pas inutile de noter que la présence de ces filtres dans les tours ralentit substantiellement la vitesse de circulation du courant d’air généré au sein des tours, pourtant accéléré par effet Venturi. Les promoteurs de ces usines atmo-électriques ont accepté cette réduction de productivité de leurs usines contre le payement d’une aide internationale financée par la taxe de lutte contre la pollution de l’ONU, appelée aussi taxe Chirac. Les exploitants de tours de générations précédentes, non filtrantes, se lancent, eux aussi, dans l’installation de filtres nano-catalytiques dans leurs tours pour, selon leurs dires, « participer à l’effort global de lutte contre les gaz à effet de serre. Une autre interprétation de ces investissements lourds les dirait tout simplement appâtés par le goût du lucre… En tout cas, ces tours dites passives, peu importe leur génération, sont réputées pour avoir qu’un faible impact environnemental, selon leurs concepteurs.
Ce dernier argument de laisse pas indifférentes les associations non gouvernementales de protection de l’environnement et de la biodiversité. « La technologie est tentante. Mais le principe de précaution aurait du présider à la conception de cet dispositif industriel : nous n’avons aucun recul pour évaluer l’impact d’une telle circulation artificielle de masses d’air qui n’auraient jamais du être mélangées, que l’on parle d’échelle régionale ou planétaire. Cette estimation est encore plus floue si on y ajoute des impacts sur de grandes durées… » s’inquiète le porte-parole de la Diversified Life Foundation. Mais, encore une fois, les intérêts économiques auront été les plus forts.