La production d’insectes est devenue un secteur important de l’industrie agroalimentaire dans le monde depuis les années 2020. La France a aussi développé cette activité depuis les années 2030 en raison de mutations climatiques favorables à ce type de production. De plus, l’empreinte carbone de ces élevages est beaucoup plus favorable à l’environnement. Les écologistes soutiennent cette activité, qui mobilise plusieurs par ailleurs plusieurs dizaines de milliers d’emplois. Elle n’en est pas moins dangereuse, comme l’a révélé il y a quelques mois une enquête du site Agri Hebdo.
Des millions d’insectes sont produits et consommés chaque jour dans les exploitations françaises. Pour augmenter la production, des essais de mutations génétiques ont pour but de créer des espèces de plus en plus nutritives, aux saveurs différentes capables de satisfaire les goûts des consommateurs. Les steaks d’insectes ont ainsi le goût des principales viandes traditionnelles comme le bœuf, la dinde, le porc ou le poulet. La différence réside dans le coût de ces produits, les insectes étant bien moins chers que les vaches ou cochons, dont l’élevage était devenu insuffisant pour satisfaire l’appétit d’une population mondiale à la croissance exponentielle.
Il n’en reste pas moins que la quête de rentabilité pourrait mettre en péril à moyen terme cette industrie. Agri Hebdo a révélé qu’une espèce de criquet génétiquement modifiée s’était échappée des laboratoires de l’entreprise France Criquet, leader européen de ce secteur. Le but de l’expérience était de créer un criquet plus gros et plus résistant à certaines maladies. Il devait aussi avoir le goût du foie gras et les investisseurs avaient bon espoir de réaliser des ventes considérables pendant les fêtes de fin d’année. L’action de l’entreprise s’est récemment effondrée quand il fut révélé que des centaines d’hectares de forêts avaient été ravagés par quelques insectes qui s’étaient évadés et reproduits au point de devenir incontrôlables. L’entreprise, lorsqu’elle a réalisé le risque d’une catastrophe écologique majeure, a aussitôt détruit les preuves de ses négligences sécuritaires, et a bloqué sa communication avec les médias. Pire, elle a décidé, sans alerter les autorités, de répandre un insecticide très puissant produit dans ses laboratoires et seul capable de détruire les insectes évadés. Cette méthode fut dans un premier temps efficace et la propagation des criquets gloutons fut régulée. L’insecticide, qui n’avait jusqu’alors été testé qu’en laboratoire et n’avait pas été autorisé par le ministère de l’agriculture, s’était révélé bien plus dangereux à moyen terme que les insectes qu’il devait éradiquer. Il a en effet pollué certains cours d’eau où de nombreux pêcheurs pratiquaient leur passion. Les animaux des rivières, mais aussi des forêts furent empoisonnés. De nombreux cadavres de poissons et de sangliers ont intrigué les amoureux de la nature qui ont alerté les autorités. Après des analyses poussées, et des témoignages anonymes de membres de France Criquet, la culpabilité de l’entreprise fut avérée. Le directeur encourt dix ans de prison, et l’entreprise risque une très forte amende. La sanction des consommateurs et les investisseurs sera plus sûrement fatale à l’entreprise, qui malheureusement risque la faillite.
Cette catastrophe pourrait aussi porter un coup fatal à l’industrie des insectes en France et en Europe. Il est jugé préférable de retourner aux productions traditionnelles de viandes, ou d’importer la nourriture à base d’insectes de continents comme l’Asie ou l’Afrique. Les manipulations génétiques sont au cœur d’une industrie des insectes autant nécessaire à l’alimentation de milliards d’humains que potentiellement dangereuse pour les écosystèmes. Les pouvoirs publics devront dans les prochaines années renforcer leurs contrôles sur cette industrie. Cet accident industriel soumet les autorités à un cruel dilemme. D’un côté, la R&D pour améliorer les criquets par des manipulations génétiques doit permettre d’augmenter la rentabilité de ce secteur économique qui occupe un grand nombre d’actifs en Europe. D’autre part, l’Etat doit intervenir pour éviter que la course à la productivité et aux parts de marchés mondiales ne provoquent des comportements irresponsables menant notamment à des recherches éthiquement condamnables.