L’harmonisation réglementaire engagée à l’échelle de l’Europe, depuis un demi siècle, vient de faire une nouvelle victime : l’Académie de Médecine française. Après des décennies de procédures acharnées, aussi bien dans les tribunaux nationaux qu’eurocommunautaires, l’Académie vient de perdre, en appel, la bataille qui sonne la fin de sa guerre contre les médecine dites alternatives. Ces dernières, avec la proclamation du jugement de la Cour d’Appel Européenne, gagnent le droit d’exercer leurs spécialités sur le territoire français, dernier bastion européen de la médecine académique occidentale dans l’espace communautaire européen.
Anticipant cette victoire, de nombreuses cliniques de naturopathie ont vu le jour, ces derniers années. « Sans cette victoire, on était bon pour me bûcher ! » s’exclame un responsable d’une de ces cliniques, venu tout exprès à Bruxelles pour entendre cette proclamation que les observateurs avertis annonçaient favorable aux défendeurs. Ce même directeur voit dans ce jugement l’annulation d’une « anathème » qui les frappait, lui et ses confrères, depuis des décennies, obligeant certains d’entre eux à quitter la France pour autres pays européens afin d’exercer librement. Cette expatriation forcée a été, d’ailleurs, un des arguments de la Défense.
On peut donner une autre interprétation à ce jugement. Pour ne prendre qu’un exemple, la recherche galénique (celle des médicaments et de leur formulation) se voit obligée d’engager des sommes toujours plus importantes dans le développement de vecteurs d’assimilation par le corps humain des nouvelles molécules curatives. En effet, ces molécules rivalisent, désormais, en taille et en complexité au point de devenir difficilement absorbables par le corps humain. Les nanoT ont apportées leur lot de solutions. Mais il n’en reste pas moins que ces vecteurs d’assimilation prennent des proportions toujours plus importantes dans le coût final de médicaments que les gouvernements peinent de plus en plus à rembourser. « La recherche conventionnelle s’est engagée, depuis des siècles, dans un cercle vicieux dont le patient est la principale victime. Nous sommes une solution parmi d’autres pour sortir de cette situation » tente de relativiser la présidente d’une des fédérations professionnelles qui défendent les intérêts des praticiens alternatifs. Cette même présidente appelle ses membres, ainsi que l’ensemble de la profession, à avoir la victoire modeste : « Que cet heureux dénouement ne se fasse pas sentir dans le porte monnaie des patients » déclare-t-elle, anticipant ainsi une augmentation de tarifs que certains adosseraient bien à la victoire.