Aujourd’hui le vêtement combat les effets de la transpiration… se répare tout seul quand il ne s’adapte pas aux mensurations de celui ou celle qui le porte… Il se pare des motifs contrôlés par wifi… surveille les constantes vitales de l’humain qui se glisse dedans… Tout ceci sans compter les nombreuses autres fonctions que les designers ne manqueront pas d’imaginer et les grandes marques de vêtements, par l’intermédiaire de leurs « limiers », écument les mers de la confection à la recherche des fabricants des tissus les plus innovants. Ces capteurs de tendances sont aussi à l’affût de tout ce que les laboratoires peuvent offrir comme innovations applicables au vêtement.
Et pourtant… Et pourtant, certains clients, leur nombre ne cesserait de s’accroître, saturés – gavés – par ces vêtements technologiques, reviennent vers les vêtements faits de tissus traditionnels. Les friperies bénéficient de ce mouvement et fleurissent dans nos centres-villes. Les petites entreprises de confection traditionnelle constatent avec étonnement que leurs carnets de commandes ne cessent d’enfler. Les producteurs de fibres naturelles voient se réouvrir des débouchés qu’ils n’espéraient plus.
Ces fils à tisser d’origine organique s’appellent coton, laine, chanvre, bambou… et permettent de fabriquer des jeans qui vieillissent et s’usent, des T-shirts qui se déchirent et se délavent, des robes que l’on reprend à la machine à coudre ou à l’aiguille, qu’on se transmet de « mère en fille »…
La seule concession que cette nouvelle tendance de la confection fait aux innovations concerne les fibres issues des OGM. Et la fibre qui bénéficie directement de amélioration est la soie. Générée par des bactéries OGM, cette soie naturelle, qui pourtant n’a plus grand chose à voir avec celle issue des cocons de vers à soie, permet à chacun et chacune de se draper dans sa dignité à prix modique. Comme quoi, aujourd’hui la naturalité doit composer avec la modernité pour s’adapter aux regles des marchés.
La prochaine fibre à céder aux sirènes des OGM pourrait bien être la laine. Sera-t-elle toujours éligible au vieux label Woolmark ?