Le baby boum tant appréhendé a bien eu lieu. On compte aujourd’hui pas moins de sept grossesses déclarées dans l’ensemble des bases lunaires. Toutes aussi clandestines les unes que les autres, c’est une enquête internationale qui a révélé la situation.
Le premier bébé lunaire, Peter-Moon, se porte à merveille. Il est considéré par certains enthousiastes comme le premier citoyen de la Lune. Il aura donc fait des émules : le second citoyen sélène (adjectif préféré à lunaire) devrait naître dans quelques semaines. Alors que l’institution de la base internationale Selen One comme la première municipalité hors de la surface de la Terre avait été lancée comme une boutade, aujourd’hui, de nombreux juristes plaident pour la création d’un statut de « municipalité internationale hors Terre », afin « de mettre fin aux fantasmes de certains ».
Ce cadre juridique instituerait une unique organisation de droit international sur l’ensemble de la surface de la Lune. Les habitants, ceux qui sont sous contrat longue durée, cette durée et cette condition restent à préciser, éliraient un maire. Il n’en reste pas moins que chacun procréerait selon son droit national. Chaque nation présente sur la Lune serait invitée à ouvrir une représentation diplomatique. Le maire de Selen One, quant à lui, se verrait conférer des droits supra nationaux garantis par l’ONU. On parle même de la création d’une police municipale issue des rangs des Casques Bleus.
Tout ce déploiement d’arsenal juridique n’a qu’une fin : que ce soit l’ONU, les nations ou les entreprises qui investissent hors de la surface de la Terre, personne ne veut prendre le risque de perdre le contrôle de la moindre installation. Ce cadre juridique strict, bien qu’il se veuille ouvert, est sensé éviter l’apparition d’une nation lunaire. Certains jugent cette démarche anachronique, ne lui prédisant qu’une courte durée de vie, d’autant plus qu’elle ne prend pas en compte les stations spatiales, elles aussi, en pleine expansion.
© Olivier Parent