Idées | Au-delà de la Terre : Exploiter l’espace ?

En 2018, dans un article de la Tribune1 consacré à l’épuisement des ressources, l’astronaute français Thomas Pecquet expliquait : « Il n’y a pas de Plan B ». 

Il voulait dire par là que, s’il faut explorer l’espace et Mars en particulier, ce doit être uniquement à des fins d’études scientifiques et non pas d’exploitation, que nous devons nous contenter des ressources de la Terre, et pour cela, nous devons modifier nos comportements, notre modèle. Il déclarait :

« Nous espérons emmener des hommes et des femmes vers Mars, mais dans un but d’étude, pas de colonisation ».

On pouvait toujours disserter sur l’intérêt d’aller sur Mars alors qu’il y avait tant de maux à régler sur Terre, on pouvait se dire que ces centaines, ces milliers de milliards de dollars pourraient être bien plus utiles pour soulager les plus démunis, mais après tout, ce monde d’égoïsme et de misère avait toujours voulu aller de l’avant, alors, pourquoi pas Mars ?

De son côté, affichant lui-aussi très nettement cette ambition, Elon Musk avait déclaré :

« Le plus important est l’avenir de notre civilisation. Or, si nous ne changeons rien à la manière de traiter notre biosphère, eh bien, oui, nous devrons réfléchir à une vie sur plusieurs planètes. »

La fuite en avant était la loi. La planète s’épuisait ? Pas de problème, colonisons les astéroïdes, allons sur une autre planète, puisque la technologie le permet. Et ce n’était pas un doux rêve de fous, beaucoup y croyaient, certains avaient d’ailleurs pris très tôt les dispositions nécessaires. 

En 2015, le Président Obama signait une loi autorisant l’exploitation minière des astéroïdes pour les entreprises installées aux Etats-Unis, en 2017, le Luxembourg offrait un cadre juridique et fiscal aux sociétés minières souhaitant se lancer dans l’aventure.

Pourtant, signé par une centaine de pays, le Traité de l’Espace de 1967 stipulait bien qu’un « corps céleste ne peut faire l’objet d’une appropriation nationale», mais, à cette époque, les rédacteurs n’avaient pas imaginé que l’exploitation des ressources spatiales pourrait un jour être possible. Jouant sur cette nuance, les Etats-Unis et le Luxembourg ouvraient ce qui allait devenir la bataille pour la domination commerciale de l’espace et de ses richesses. 

Comme Pecquet, Musk faisait le constat de l’épuisement de notre planète, mais par contre, pour lui, il y avait un Plan B, celui de la technologie, de la colonisation de Mars, ou de l’exploitation de l’espace. Qui du puissant multi milliardaire ou de l’astronaute aurait le dernier mot ?

Textes extraits et adaptés par Jean-Pierre Galand du livre du même auteur

« Cette délicieuse odeur de pain grillé, 2084, cauchemar technologique ? »

 Actuellement en souscription sur Ulule du 15/09 au 31/10/2020.

https://fr.ulule.com/une-delicieuse-odeur-de-pain-grille

1 https://www.latribune.fr/entreprises-finance/green-business/epuisement-des-ressources-il-n-y-a-pas-de-plan-b-774033.html

30 janv. 2020