C’est l’histoire d’une rencontre littéraire qui en dit long sur le potentiel d’humanité et de vitalité des réseaux sociaux, des auteurs qu’on y rencontre, des anecdotes qui s’y greffent, des flûtes de bières qu’on y trinque, des vertiges inspirants qui s’y mêlent. Non pas que ce genre de rencontres soit exceptionnel mais quand c’est là c’est lumineux, éblouissant, énigmatique et profondément réjouissant sur la nature humaine. Autrement dit si vous mettez le nez dehors de temps en temps vous en aurez pour votre argent : il y a des tas de moments réjouissants et piquants où on découvre des livres, des écrivains, des gens sympathiques et bluffants . De quoi sortir de la délectation morose qui s’est emparée de notre temps.
Il y avait autrefois un pulvérisateur anti-moustique qui devait être très efficace. Un pulvérisateur anti-morosité pourrait servir d’improbable métaphore pour parler des livres de Daniel Fohr. Il a mis dedans ce qu’il faut de facéties à double-fonds, de clins d’œil culturels, de punchlines hilarantes et d’inventions littéraires épatantes pour donner envie de le rencontrer.
Pour mémoire, ce qu’il y avait dans le FLY TOX ne serait sans doute plus en odeur de sainteté aujourd’hui. Le liquide anti-moustique du réservoir n’avait pas vocation à être très bon pour leurs destinateurs. Je me souviens que nous devions nous-mêmes nous éloigner des jets. C’est tout le charme de ce genre d’instruments. A manipuler avec précaution. Parce que si les livres de Fohr sont efficaces contre la délectation morose ambiante, ils sont aussi abrasifs et sans concession. Bref la rencontre avec Daniel Fohr est de cet ordre et voilà l’affaire.
Tout commence par des posts sur LinkedIn que l’algorithme me propose dans la foulée d’un coup d’œil que je venais de jeter sur la lettre d’ INfluencia.
Daniel Fohr• Writer, Copywriter, Créative Director, Founder M&CSaatchi.GADWriter, Copywriter, Créative Director, Founder M&CSaatchi.GAD
« La vague qui vient » sortira en septembre. Je suis très heureux d’être édité par Claro, chez Inculte (Actes Sud). Ça parle de l’insularité et des mythologies insulaires (le naufragé, le sauvage, le monstre, le savant fou, le trésor pirate, la prison, la micro-société, etc). J’y reviendrai le moment venu. Bon été.
J’explore un peu. Ces mots font tilt.
Fohr, manifestement, appartient à la communauté dans l’oreille de laquelle chuchote Isabelle Muznik, la patronne du media en question. Je ne sais pas si je fais vraiment partie de ladite communauté des communiquant et autres publicitaires mais je l’ai côtoyée. Fohr allait-il échapper à l’emprise de cette zone culturelle à haute intensité qu’est le monde de la pub? Je n’avais pas d’état d’âme par rapport à ça, plutôt de la curiosité.
Pour Edward T. Hall la culture est une réalité cachée qui échappe à notre contrôle et constitue la trame de l’existence humaine. Mais il y avait autre chose. Le titre de son livre La vague qui vient m’incitait à penser qu’il y avait peut-être une forme d’anticipation que l’auteur allait déployer. Cette chose – qui vient – ça sent la prospective. Et la prospective c’est la matière première de FuturHebdo dans lequel je comptais bien raconter tout ça. Dont acte. Je commande le livre. Entre temps un papier dans ELLE est reposté par les premiers lecteurs enthousiastes.
Le livre arrive vite. Je ne connais toujours pas Fohr. Je commence à lire et je poste ceci sur sa page LinkedIn :
En pleine lecture de ce roman brillant, hilarant, subtil…
Il répond aussitôt cela :
Merci merci j’en rougirais si un coup de soleil ne m’avait déjà porté aux limites du carmin
et s’amuse à poster ce qui se passe autour de son bouquin.
Daniel FohrDaniel Fohr• 1st• 1stWriter, Copywriter, Créative Director, Founder M&CSaatchi.GADWriter, Copywriter, Créative Director, Founder M&CSaatchi.GAD
AUTOPROMOTION
« Un roman plein de finesse et d’humour sur une communauté en vase clos à travers le regard singulier d’un « naufragé ». Rolling Stones
« Une lecture joyeuse, drôle, à double-fond et chausse-trappes… Une bouffée d’oxygène par les mots 😃😃😃 !!! » Librairie Carnot – Vichy
Note de lecture : « La vague qui vient » (Daniel Fohr)
Posté par Hugues ⋅ 1 octobre 2023
Sur une île de Bréhat fictive et magnifique, un bédéaste ruiné, échoué là presque par hasard, parviendra-t-il à réaliser la fresque municipale de la rédemption ? Profondément hilarant et néanmoins joliment vertigineux, un roman réjouissant et très réussi.
Belle surprise ce texte est de mon ami Hugues Robert « feu central » de la Librairie Charybde (charybde2.wordpress.com).
C’est clair : le livre de Fohr ressemble à son auteur.
Je poste ceci : Lecture épatante, brillante de bout en bout. De clins d’œil culturels facétieux en constructions quasi-mythologiques – cette ÎLE est l’avatar contemporain des inventions littéraires nissonologiques les plus futées (le mot est de l’incroyable Abraham Moles d’illarante mémoire ). A la fois rafraîchissant et (parfois ) tragique … enfin un peu… très fort! Très drôle ! Très très !!!
Dans la foulée je lui demande son adresse mail et une date pour une rencontre. Ce sera au Select un mercredi de septembre. A 16h. Bribes de conversation à peu près reconstituée :
Moi : Votre livre – et sans doute vos livres – sont pleins de références culturelles, de clins d’œil facétieux qui obligent le lecteur amusé à repérer le truc, à débusquer la citation, à titiller sa mémoire. Parfois c’est un vrai jeu de piste. Je pense que je n’ai pas tout mis à jour … et je ne vous en veux pas. C’est un challenge épatant.
Lui : On en ne peut pas calibrer ses références en fonction d’un lecteur donné, tant pis pour certains, tant mieux pour d’autres
Moi : Le personnage principal de La Vague qui vient est une île plus ou moins imaginaire que l’on suspecte d’être sur la côte atlantique
Lui : Qui n’est pas nommée mais personne n’est nommé, le narrateur, le maire, la star en sa retraite …ce sont juste des fonctions, les deux seuls nommés sont le fou et le pirate (qui a vraiment existé) personne n’a de nom ni de prénom… c’est une constante de ce que j’écris… je parle toujours des lieux, je me suis rendu compte de cela tardivement , il y a un roman qui se passe dans un hôtel sans étoile , un autre dans un cargo, porte container, un autre dans une ville qui est au Venezuela, Maracaibo..à chaque fois je choisis des îles au fond, c’est ce sentiment que les lieux façonnent les gens, que la géographie conditionne aussi les gens, beaucoup de choses pour les îles sont valables aussi pour des villages isolés, on retrouve des micro communautés dans les villages des Andes par exemple, les indiens, les indiens se désignent comme étant les vrais hommes et pas ceux d’à côté, avec cette différence qu’ils peuvent en sortir plus facilement, il y a une continuité dans le territoire
Moi … en même temps, tous ces gens cités, célèbres dans l’histoire de l’art , dans l’histoire tout court…ces clins d’œil… ça donne un éclairage… un souffle… le livre commence par une sorte de vertige temporel – 70.000 plus tôt… 70.000 plus tard, cette démesure narrative m’a rappelé le début du Kubrick 2001 Odyssée de l’Espace et l’instant suivant le narrateur raconte avec une humilité réjouissante ce qu’il vient faire dans cet endroit… Il évoque dès le début du livre l’échec du premier tome de sa Galaxie des Mille Soleils, « une saga ambitieuse, sans aucun texte, une grande œuvre purement visuelle planifiée en treize albums »… J’ai pensé que j’allais lire un truc de SF… que ça allait coller avec FuturHebdo… en fait ce serait plutôt de la Socio Fiction… l’île comme concentré du monde, l’île refuge, l’île qui incarne à elle seule toute l’histoire de l’humanité. Il y a une tendresse un peu amère dans votre regard. Vous êtes un chroniqueur facétieux des mythologies contemporaines ?
Lui : Mon livre précédent qui est sorti en poche aux éditions J’ai lu est un roman d’anticipation et pas de science-fiction car il parle du dernier lecteur..et j’avais lu que dans les années 60, la courbe de lecteurs hommes femmes de roman de fiction se croise avec plus de lectrices femmes que de lecteurs hommes, aujourd’hui on est à 85% aux Etats-Unis et en France, et ce sont des femmes..ça a une incidence sur plein de choses c’est l’histoire du dernier homme (donc), ce n’est pas un grand lecteur mais il est physiquement le dernier lecteur sur terre, il a connu aussi le temps des mails où tout le monde était relié etc.. et donc qu’est-ce que ça change ? est-ce qu’il peut inverser le cours des choses etc…c’est entre l’essai et le roman
… et le précédent que j’aime bien , il est sur un porte container, il fait un voyage avec l’urne funéraire de son oncle, passager depuis le havre jusqu’à Buenos Aires, cette histoire est au milieu de la mondialisation et marchandisation, où 90% de ce qui nous entoure arrive par porte container…il va faire un voyage initiatique à Buenos Aires, et le roman part en fait de la fin d’un roman de Blaise Cendrars
Moi … amusant que vous citiez Cendrars, c’était mon premier héro littéraire avec les livres Bourlinger, L’or… intéressant , ce sont des itinéraires de vie et intellectuels passionnants
… vous avez commencé quand à écrire et publier ?
Lui : Il y a 2 temporalités différentes, j’ai commencé à écrire à l’âge de 20 ans et avant je dessinais beaucoup, j’ai arrêté de dessiner, et puis j’ai commencé à écrire pour des raisons d’étude et d’admiration littéraire, et en écrivant je me suis rendu compte qu’un moyen d’expression supplantait l’autre, j’ai publié mon premier bouquin en 2003, 2004 ,une pièce de théâtre, puis 2008, je suis un auteur tardif….
… sur la publicité , je n’ai pas totalement rompu avec le métier même si je suis dépassé un peu par l’époque et les medias, je reste un inconditionnel de Bernbach qui disait qu’il fallait s’intéresser à ce qui ne change pas chez l’individu, plutôt qu’à l’écume et aux modes, s’intéresser aux invariants, qu’est-ce qui meut la personne , ce qui la motive plus au sens universel d’une certaine façon, comme l’amour des enfants, un désir de progresser (s’améliorer) etc… essayer de s’intéresser aux invariants, aux constantes humaines
Et on a bu des bières.
Quelques jours après je lui écris :
Tout d’abord cher Daniel un grand merci pour cet échange. Ensuite un petit clin d’œil : Céline Navarre qui était venue nous saluer à mon arrivée est une grande admiratrice de La vague qui vient. Elle ne t ’avait jamais vu.
(on s’est tutoyé, Daniel et moi, avec les bières)
Quand je lui ai dit qui tu étais elle a bondi : mais j’adore son livre et j’ai obligé ma libraire à Luxeuil les bains de le mettre en promotion. Céline a publié chez Gallimard son premier roman L’envers des ombres en début d’année. Elle était la compagne de David Genzel – as-tu connu le bonhomme ? tous les deux murmuraient à l’oreille des publicitaires comme on disait de leur blog et de leur quartier général au Flore.
Au temps pour la synchronicité 😊, phénomène finalement assez attendu dans un lieu comme le Select…
Pas loin non plus de notre échange, Raphael Llorca publie demain son essai Le roman national des marques en soulignant leur poids prépondérant dans le récit national… Elles en disent plus que nos politiques et nos idéologies….
Bref alors que je voulais aborder notre conversation sous l’angle purement littéraire me voilà rattraper par ce réel qui cogne : la pub, le commerce et l’industrie, la flute de bière de fin de fût, Céline qui discute à la table d’à-côté avec son amie infirmière qui a accompagné David jusqu’à son dernier souffle (mort du Covid) et qui se trouve être une excellente amie d’Yvonne Behnke sur laquelle j’ai écrit un papier dans le FuturHebdo qui tu as entre les mains.
Tous ces presque riens dont Jankélévitch dit tant de bien…
Il me répond…
Bonjour Christian,
merci pour cet entretien très sympa ; je crains que mes propos aient été fort décousus durant notre conversation au Select et j’espère que tu sauras y insuffler quelque cohérence. Non, je ne connaissais pas Cécile Navarre, que vous remercierez si tu en as l’occasion, d’avoir fait la promotion de mon livre à Luxeuil les bains. David Genzel m’était visuellement familier pour l’avoir vu souvent au Flore ; je savais ce qu’il faisait et le connaissais sa réputation mais n’ai jamais commercé avec lui.
Le livre dont je te parlais, chef d’œuvre de la littérature latino-américaine, c’est Pedro Paramo, de Juan Rulfo, petit livre de 180 pages chez Folio, qui jouit d’une immense prestige auprès de tousles écrivains sud et centre américains. Tu m’as demandé si j’écrivais en ce moment et je ne suis pas sûr d’avoir répondu, si ce n’est que c’est un livre que je réécris depuis trois ans sans en être encore satisfait et qui se passe dans un zoo. C’est un roman animaliste. Tous les personnages, (animaux pensionnaires, visiteurs, employés du Parc), sont mis sur le même plan et « traités » de façon identique, sans verser pour autant verser dans l’anthropomorphisme. Enfin, voilà.Bonne journée à toi.
À Bientôt.
Daniel
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Daniel est sur la liste du Prix Wepler…
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Writer, Copywriter, Créative Director, Founder M&CSaatchi.GADTrès fier de faire partie de la sélection des auteur.e.s qui concourent pour le Prix Wepler-Fondation La Poste, un des plus beaux prix et des plus exigeants de la rentrée.
« Chaque année depuis 26 ans, le Prix Wepler-Fondation La Poste récompense une œuvre littéraire contemporaine inclassable, et salue l’audace et la singularité d’un second titre par l’attribution d’une mention spéciale. La mise en place d’un jury tournant assure à ce Prix une indépendance, une fraîcheur et une sincérité de jugement qui se traduit par un résultat souvent inattendu. »
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La morale de cette histoire c’est que la lecture de La Vague qui vient m’a permis de retrouver plein de copains et copines. L’accumulation met fin à l’impression de hasard, écrit Freud quelque part. Ce ne peut pas être par hasard que j’ai rencontré Daniel Fohr. La preuve … au hasard de la lecture… ma mare imaginalis1 préférée était au rendez-vous. Que celles et ceux qui n’ont jamais rêvé de visiter ces cathédrales retournent à leurs séries Netflix et nous laissent profiter de ce festin littéraire.
Fohr propose une mythologie contemporaine qui s’inspire des formes multiples de la pensée créative de notre modernité… une sorte d’arc narratif qui va de Descartes à Agatha Christie emporté par Shakespeare et Davis Bowie.
Chacun de ces chenapans culturels arrive à l’improviste, se glissent dans les interstices du roman avec une grâce subtile.
Je sais bien que vous n’allez pas lire tout ce pavé mais le surplombant du regard vous pourrez peut-être goûter le plaisir coupable d’une gourmandise culturelle, un peu boulimique, un peu narcissique, complètement exquise.
[…] Gauguin aux Marquises, Hemingway à Cuba, Pissarro à Saint-Thomas, Neruda à Chiloé, Stevenson aux Samoa, etc., de quoi tenir tout un dîner. Comme Modigliani, je me levais à l’eau froide. Un peintre peut travailler dans le chaos, comme Bacon ou Pollock, un dessinateur ne peut pas. C’était ma montagne Sainte-Victoire, ma cathédrale de Chartres, la chapelle Sixtine et Jules II dit à Michel-Ange, tant qu’à faire un ravalement, faites-nous quelque chose de joli par-dessus, quelque chose d’inspirant. […]
[…] Chagall a peint un plafond, Fra Angelico des murs de cellules, Matisse a posé du carrelage dans une chapelle, Braque à Varangeville, Delacroix s’est occupé d’une salle à manger. Il n’y a pas de honte à ça. Michel-Ange a travaillé debout, dis-je, c’est Charlton Heston, dans le film, qui fait croire qu’il peignait couché. Comme le rêve d’un Douanier Rousseau sous acide. toutes ces îles où les gens devenaient fous, les Almayer, les Zaroff, les Dr No. Le Jardin des délices de Jérôme Bosch serait ma boussole. Le Déjeuner sur l’herbe, Les Ménines ou la Mona Lisa. […]
[…] Evelyn West détermina ma vocation et me servit d’inspiration et de modèle, comme Jeanne Hébuterne avec Modigliani, Dora Maar avec Picasso ou Dina Vierny avec Maillol, la rencontre d’un artiste et de son modèle, autre sujet d’animation de dîner. Sur Sergent Pepper’s, il y a Marx et Einstein, dit le postier. […]
[…] Picasso n’a pas toujours fait du Picasso, intervint l’entrepreneur. David Bowie, non plus, ajouta le postier de la nouvelle économie. Le Sacre de Napoléon, dis-je, David a réussi à faire tenir deux cents personnes. Quand Titien laisse tomber son pinceau devant Charles Quint, c’est l’empereur qui se baisse pour le ramasser. On y proposait aussi quelques livres sur l’histoire de la piraterie et L’Île au trésor de Stevenson, bien évidemment. […]
[…] Vinci et Michel-Ange se détestaient, et pour éliminer ses concurrents, Rodin exécutait des statues commémoratives avant même que les appels à concours soient lancés. L’art est un combat de rue. Nijinski en costume de faune. Mabuse, Mengele, Moreau, March, Müller, les noms de docteurs commencent souvent par M. Le Dr M. ressemblait au personnage du Cri d’Edvard Munch, avec un visage en forme de cacahuète non décortiquée, des yeux tombants qui avaient l’air de fondre. […]
[…] Un homme en imperméable noué, tête nue, qui aspirait à ressembler à Albert Camus ou à Humphrey Bogart, marchait en tête avec un homme dont le nez était bleu. Mais en 1718, un nouveau gouverneur des Bahamas, ancien corsaire lui-même, entra en poste, Woodes Rogers. C’est le même Woodes Rogers qui recueillit Alexander Selkirk, un marin naufragé qui passa quatre ans et demi sur une île déserte au large du Chili et inspira Robinson Crusoé à Daniel Defoe. […]
[…] Le monde était déjà petit à l’époque. Les muralistes mexicains, Orozco, Siqueiros, Rivera. Il y a des choses qu’on ne trouve pas dans les livres. C’était de Joseph Conrad. Descartes disait : L’homme est une chose imparfaite qui tend sans cesse à quelque chose de meilleur et de plus grand qu’elle-même. […]
[…] Je me reconnus pleinement dans cette phrase et la mis dans ma bouche. L’Île des esclaves, L’Île des perroquets, L’Île mystérieuse, une cinquantaine de titres avec les îles en commun se succédaient, d’ Alexis Zorba au Comte de Monte-Cristo, de Paul et Virginie aux Dix petits nègres, en passant par L’île de Prospero, celles de l’Odyssée ou encore celles à la dérive. […]
[…] Il y avait même L’île noire de Tintin pour représenter la profession. Toute chose est possible jusqu’à ce que l’inverse soit prouvé, disait Stephen Hawkins. Même Les îles sont le refuge de réalités parallèles et, comme dans Shutter Island, la vérité y jouit d’un droit d’asile au sens psychiatrique du terme. Picasso n’est pas allé demander conseil à un marchand de cycles pour faire une tête de taureau avec un guidon et une selle de vélo. les boîtes de soupe Campbell’s. comme Le Jardin des délices de Bosch ou Le Rêve du Douanier Rousseau. […]
[…] Tout comme David avec Le Sacre de Napoléon. Les figures dansaient et s’étiraient comme sur une toile du Greco. Une coiffure à la Jackie Kennedy, Arthur avec Excalibur, T-Rex/ Marc Bolan Alice Cooper effrangé, Rosebud — C’est ça, Rosebud. Alors ? Les Fusillades du 3 mai de Goya, une affiche sous verre du concert des Rolling Stones à Altamont le 6 décembre 1969, comme Robert Mitchum dans La Nuit du chasseur, les doigts entrecroisés. […]
[…] Elle s’écarte avec le sourire de l’Homme qui Rit, mais la façon de Max Von Sydow dans Les Trois Jours du Condor. Les îles sont le refuge des monstres, King Kong, le Cyclope, la liste est longue, disait-elle sur la bande. Une créature du Dr Moreau, voilà ce que je suis devenue. […]
(Sans compter les allusions souriantes et trop subtiles que mon ignardise culturelle m’a fait louper)
Et bien sûr tout ceci n’est que la cerise sur le gâteau de ce livre exquis.
1 Cet immense réservoir en perpétuel renouvellement de l’imaginaire humain «… cette mer imaginale sur laquelle vogue l’être humain et qui de siècle en siècle, et quels que soient les lieux et les époques, demeure le lien fondamental de nos consciences » (conférence d’Adrien Salvat du 8 janvier 1927 au Collège de France, citée ou plutôt, je crois, inventée par Frédérick Tristan et à laquelle nous assistons depuis l’aurore de l’humanité).