New space, resilient space, fast space, nouveaux entrants, GAFA, investisseurs du capital risque, start-uppers… le domaine spatial est en pleine accélération.
Après 50 ans de développement institutionnel, nous assistons à une entrée massive d’investisseurs privés dans des secteurs régaliens comme l’accès à l’Espace. Après que le secteur des télécommunications, c’est au tour du domaine de l’observation de la Terre d’entamer sa révolution économique.
Mais cette accélération ne touche pas seulement les infrastructures spatiales dont les informations et les canaux vont rendent des services aux citoyens que nous sommes. Nous assistons à l’industrialisation de l’Espace et en premier de la région cis-lunaire et de la Lune où l’on annonce dans les 20 à 30 ans à venir le déploiement de « hubs spatiaux » et de « Moon village ».
Le rôle et la place des agences spatiales se trouvent questionnés eux aussi, alors que des milliardaires qui ont envie d’Espace et des sociétés d’envergure mondiale, plus riches que les Etats eux-mêmes, s’apprêtent à faire de l’Espace leur nouveau terrain de jeu économique.
Après le développement d’une économie de l’Espace pour la Terre, une nouvelle économie de l’Espace dans l’Espace émerge. Demain, nous pourrions bien voir fleurir des dépôts de carburant dans l’Espace, des stations dépôt de cases à équipements de rechange, des stations de recyclage de modules ou de matériaux, des stations de fabrication additive de modules ou de vaisseaux spatiaux.
Mais ces développements et la présence de centaines, voire de milliers de personnes se déplaçant ou travaillant dans l’Espace, ne vont pas sans poser de nombreuses questions juridiques et éthiques. Pourquoi mettre tant d’efforts techniques, scientifiques et financiers, à quitter notre planète alors que les effets du changement climatique global se font sentir avec de plus en plus d’acuité sur les populations ?
Comment vivre et produire dans l’Espace, tout en s’assurant un développement durable de l’Espace et des ressources spatiales ?
Face à ces évolutions rapides, il est plus que jamais nécessaire de comprendre les changements à l’œuvre et d’anticiper leurs possibles impacts sur les grands équilibres de l’écosystème spatial. En créant Space’ibles, l’observatoire de prospective spatiale, le CNES et ses partenaires se dotent d’un moyen supplémentaire pour partager leur compréhension des évolutions en cours et à venir, imaginer et bâtir des visions communes des futurs possibles du domaine spatial, et pour éclairer les décisions quant aux futurs souhaitables parmi le champ des futurs possibles.
Soutenant depuis sa création une prospective scientifique et technique, et partageant le constat que les évolutions les plus marquantes sont susceptibles de venir d’autres secteurs où elles se déplient déjà, le CNES et les acteurs de l’écosystème spatial ont souhaité ouvrir le dialogue avec des organismes des transports, de la santé, des assurances, de l’énergie, de l’agriculture, des think-tanks de prospective et de géopolitique, mais aussi des sciences humaines et sociales, des anthropologues et des auteurs de science-fiction.
En ouvrant notre réflexion à l’avancée de technologies qui sont en-dehors de notre périmètre, comme l’intelligence artificielle, les nanotechnologies, les biotechnologies, les nouvelles énergies, …, et autres organisations sociales et sociétales, nous voulons anticiper et prendre aujourd’hui les décisions qui façonneront demain pour le rendre « Space’ibles ».
ML