Nouvelle contribution
d’Olivier Parent à
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Haine virtuelle, l’épisode 6 de la saison 3 de la série Black Mirror, nous présente un monde qui, à l’image, ne semble guère différer du nôtre… mais, dans les faits, la fiction décrite est d’une grande violence : dans cet avenir, en Grande-Bretagne, la biodiversité s’est effondrée au point que les pollinisateurs ne peuvent plus remplir leur fonction. Pour pallier ce déficit, une solution techno-centrée a été mise en œuvre : désormais, des robots miniatures se chargent de fertiliser les plantes dont une bonne partie de l’alimentation humaine dépend, tout comme le reste de la biodiversité, faune et flore. Dans ce contexte guère réjouissant, cet épisode est surtout un très bon exemple de détournement d’usage d’une innovation. Sur le mode de l’anticipation — ce type de science-fiction qui s’attache à décrire un monde à venir pas si éloigné que cela du nôtre —, Haine virtuelle prend la forme d’un grand dérapage, avec les terribles conséquences qui en découlent : on est dans Black Mirror, ne l’oublions pas !
Le postulat de départ de cet épisode de la célèbre série d’anthologie d’anticipation est un constat, terrible : l’humanité incapable de modifier ses modes de développement, de production et de consommation a dû développer une solution technologique pour tenter de conserver un semblant d’équilibre dans la biodiversité fragilisée et, de fait, en voie d’artificialisation. L’usage de ce postulat n’est pas un cas isolé. On peut déjà penser à Blade Runner le film de Ridley Scott, adaptation du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick. Dans cette univers, la réponse à l’effondrement de la biodiversité est « compensée » par le génie génétique industriel qui produit des répliques des animaux au moyen de la biologie de synthèse. Cette « démarche » inclut la production d’êtres humains artificiels. Réduits à l’état de produits d’une industrie, ce sont des individus — désignés dans le film par le terme de réplicant — qui voient leur humanité leur être niée ; l’industriel a d’ailleurs pris le soin ajouté à leur code génétique une date de péremption qui, atteinte, les désactive, qui les tue. L’autre exemple de cette incapacité à trouver un autre chemin au développement des sociétés humaines contemporaines se trouve dans le film Geostorm. La principale conséquence de ce postulat se manifeste dans une accélération, dans l’accentuation de la violence des manifestations du dérèglement climatique, conséquences du réchauffement global de la planète. Comme dans Blade Runner, l’humanité va apporter une réponse technologique à la situation émergente : dans ce film, sous la tutelle des USA, elle va construire un système de régulation climatique à l’échelle de la planète, sous la forme d’un réseau de milliers de satellites. Dantesque, ce système est piloté depuis l’espace. Il est surtout l’objet de convoitises géopolitiques.
La suite sur HAINE VIRTUELLE (Black Mirror S3E6) ou « le grand détournement »