Sixième contribution d’Olivier Parent à
inCyber News,
le média de la confiance numérique
Réalisation : Spike Jonze
Directeur de la création : Spike Jonze
Durée : 126 minutes
Sortie : 2013
Production/distribution/Crédits images et son : Annapurna Pictures, Wild Bunch Distribution
Il s’agit du seul film de science-fiction du réalisateur Spike Jonze mais à bien y réfléchir, est-ce vraiment de l’anticipation ? Ne serait-il pas plutôt un film de romance ? Ou celui d’une psychanalyse à deux ? À moins que ce ne soit un tête-à-tête nous entraînant dans les arcanes des relations d’un couple qui réunit un humain et une machine.
Her est bien un film de science-fiction. Sorti en 2013, il est à revoir à la lumière de l’année qui vient de s’écouler, durant laquelle les algorithmes génératifs ont émergé dans notre quotidien.
Her est à revoir car, à plus d’un titre, c’est un film remarquable. Bien qu’aucune indication temporelle ne permette de savoir quand il se déroule, il a réussi à s’affranchir des questions climatiques sans que le moindre grief lui en soit tenu. Les décors dans lesquels se déroulent l’action sont principalement urbains. On passe quelques instants par une plage bondée ou le long d’une falaise. Rien de plus.
On serait alors en droit de s’offusquer de l’inconsistance du réalisateur-auteur qui s’autorise à s’affranchir des enjeux environnementaux. Mais il n’en est rien parce que le réalisateur a réussi le tour de force de créer une œuvre de science-fiction intimiste dont le sujet, au prétexte d’une romance, raconte la complexité de la modernité numérique à laquelle chacun d’entre nous est confronté.
Une étonnante romance entre humain et machine
Il faut donc s’attacher aux trajectoires des deux personnages principaux du film, Theodore Twombly, interprété par Joaquin Phoenix, et Samantha, l’intelligence artificielle, à qui Scarlett Johansson prête sa voix. Au démarrage du film, Samatha n’est qu’un système d’exploitation que Theodore installe sur son ordinateur.
Mais Samantha est plus que cela car elle est dotée de capacités d’adaptation. À partir de ce moment, le spectateur va être témoin d’un étonnant et étrange jeu de valse-hésitation qui donnera naissance à un couple hybride : celui de Samantha, l’IA curieuse de tout, et Theodore, l’écrivain mélancolique.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la relation de Theodore avec son ordinateur va suivre les étapes par lesquelles bien des couples passent. Après l’euphorie et la fusion de deux personnalités qui se découvrent, vient la différenciation qui peut prendre la forme d’une lutte de position au sein du couple. La suite tendra vers un rapprochement qui, lui, aura la liberté d’évoluer vers un engagement ou un déclin.
Dans Her, la relation Samantha-Theodore tendra à se dissoudre. S’il n’y a pas vraiment de sens à rechercher les responsabilités dans cette dissolution des sentiments, il s’avère important de rappeler la nature hybride du couple Samantha-Theodore, avec un Theodore soumis aux contingences de sa nature humaine. Il est aussi contraint par ses limites psychologiques, biologiques, cognitives. De son côté, Samantha suit un tout autre chemin. Et elle va être amenée à vivre des étapes qui sont propres à sa nature artificielle.
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