Les missions habitées vers Mars se mettent tout doucement en place, que ce soit chez des milliardaires, des chaines de télévision ou des ingénieurs. Une des questions abordée pour ce type de mission est celle de la contamination lors du retour, ce qui demande de prendre des précautions à l’image des astronautes restés en quarantaine à l’occasion de leur retour de la Lune. Le film « Life, origine inconnue » sorti récemment reprend cette idée de contamination menaçant cette fois ci, mondialisation oblige, l’ensemble de l’humanité ! Mais ce film aborde-t-il un futur pas très éloigné gorgé d’angoisse avec quelques pépites d’espoir ou évoque-t-il au contraire un passé angoissant encore présent dans les mémoires ?
Les virus contaminant l’humanité sont légion au cinéma… et dans la vie. Plusieurs films posent la question de cette diffusion d’un virus à l’échelle de la planète : Contagion, World War Z (…) du fait des moyens de transport. Le remake de la planète des singes aborde la même idée, mais en faisant disparaître l’espèce humaine. Ces éléments font référence à des situations que l’humanité a déjà connu. La colonisation de l’Amérique par les Européens diffuse des maladies telle la rougeole qui déciment les populations amérindiennes. Plus tard la grippe espagnole tue 20 millions de personnes dans le monde après la première guerre mondiale. Il y a quelques années, l’épidémie Ebola en Afrique de l’Ouest n’a décimé « que » 10.000 personnes grâce à des mesures de confinement régional et à des soins adaptés. Enfin, tous les ans, le virus de la grippe (H5N1 et autres) n’attend qu’une mutation pour se diffuser telle une trainée de poudre à travers la planète. Tous ces cas montrent la menace de ces virus mais aussi la difficulté à réagir face à une pandémie, que ce soit en produisant les vaccins, en soignant les populations contaminées ou en les isolant du reste de la société. Mais le pire est peut être à venir.
Un article du CNRS de 2016 montre la présence de virus géants dans le pergélisol de l’Arctique. Ces mégavirus sont pathogènes et il est nécessaire de prendre des précautions. La péninsule de Yamal, directement concernée par le réchauffement climatique devient plus accessible et va attirer du monde, notamment pour exploiter les ressources en hydrocarbures. En 2016, l’anthrax est réapparu et tué un enfant et décimé 2300 rennes (incinérés par l’armée). Dmitri Kobylkine, gouverneur de la région Yamalo-Nenetski affirme que « nous n’avions jamais envisagé une telle menace bactériologique ». Depuis, une partie de la région a été isolée et un espace de transition de 12.600 km2 a été instauré. 1500 personnes ont été vaccinées à titre préventif et le sol est désinfecté. La péninsule de Yamal est tel un avant poste qui se doit de protéger la civilisation en éradiquant la menace sur place. En effet, les personnes qui viendront travailler dans cette région et les navires qui emprunteront la route maritime du nord ne risquent-ils pas d’apporter en Europe (ou en Asie) ce que le continent a déjà connu avec l’épidémie de peste ?
L’épidémie de peste en 1720 à Marseille est causée par l’arrivée d’un navire, le Grand saint Antoine provenant d’Asie. La mise en quarantaine du navire ne dure pas suite à un mensonge pour expliquer les décès de 6 membres d’équipage. La contamination se diffuse comme une trainée de poudre via les poux du corps présents dans les vêtements récupérés sur les victimes. En 6 mois, 48.000 personnes décèdent. L’isolement de la ville n’a pas empêché l’épidémie qui fait 120.000 morts en trois ans. Les morts ont été enterrés rapidement mais le bacille de la peste est toujours présent dans la pulpe des dents. Certes, la dent protège la pulpe mais cette dernière est contaminée via le sang. La pulpe infectée conserve encore de nos jours le bacille qui, bien que n’étant plus actif, est toujours là ! Dans le monde, les scientifiques estiment que la peste est présente dans le sol de certaines régions désertiques (Afrique du nord, Asie centrale, Chine…) et que son réservoir sont les rongeurs qui ne sont pas toujours en contact avec l’homme. La maladie est donc endémique et ne se propage que ponctuellement.
Le film reprend les éléments de cette peste Marseillaise. Un échantillon du sol martien arrive isolé dans sa capsule telle la pulpe dans la dent. Arrivant d’un autre monde, l’échantillon est mis en quarantaine. Isolé derrière un mur de verre, les contacts se font à distance tels les prêtres qui disposaient à Marseille de porte-hostie d’un mètre cinquante. Pourtant, une morsure et la diffusion par le sang contamine progressivement les 6 membres d’équipage et la lutte commence pour la survie. Le film évoque donc un avenir sombre et anxiogène prenant en exemple la situation du pergélisol arctique libérant les mégavirus en l’éclairant du cas de la peste. Comme l’aborde le film avec l’idée de confinement dans la station spatiale, Les scientifiques estiment qu’il faudrait installer dans l’Arctique des espaces de confinement dans les lieux d’exploitation du sous sol pour éviter toute diffusion d’une éventuelle contamination d’un virus pathogène inconnu.
Comme dans tous les films de fiction, le futur est éclairé à l’aide du passé, pour dénoncer parfois une situation présente face à laquelle les réactions ne viennent pas ! Cette prédiction du futur de la vie sur Mars qui devient un cauchemar est une façon de tirer un signal d’alarme de ce qui pourrait arriver à partir de l’Arctique, monde froid qui connaît des changements. Mais n’oublions pas qu’il est un autre territoire mondialisé tout aussi exposé aux virus : Internet !