Dans 10 jours, le dimanche 2 Mai 2049, aura lieu un événement tragique.
Voilà le duel revenu. Après avoir traversé les âges, de la Grèce antique aux cowboys, en passant par les mousquetaires français, cette pratique depuis longtemps interdite sera très probablement un des événements les plus diffusés sur la toile. Qui aurait cru, il y a encore peu, qu’un duel pourrait être la solution pour régler un contentieux commercial ? Et quel contentieux… L’autorisation de poser, le premier, le pied sur Mars, et d’en revendiquer où bon lui semble les premier 1000 hectares. Las des interminables procès, négociations, tractations, les deux entreprises encore en course vont donc régler le contentieux de manière la plus brutale et la plus folle qui soit.
Les PDG accompagnés chacun de 2 combattants se battront jusqu’à la mort, ou jusqu’à ce qu’une des 2 parties abandonne. Le vainqueur obtiendra immédiatement et de plein droit le contrôle de l’entreprise adverse et le contrat d’exploitation martien.
Mais comment a-t-on pu en arriver là
Retour sur 20 ans d’histoire d’une petite île devenue l’arène la plus médiatisée du monde, et la plus controversée.
Tout commence vers 2030, sur une île discrète non loin d’Hawaï, Lanai. Île paradisiaque qui devait, selon toute logique, devenir un fleuron des techniques écologiques. L’acquisition de Lanai par Larry Ellison en 2012, d’abord vue comme un caprice de milliardaire, s’est finalement avérée être le prélude à une révolution qui allait remettre en question les fondements mêmes de l’ordre mondial et de la moralité sportive. Ellison, las de voir ses visions d’une île résolument durable et technologique, entravées par les réglementations et les limites bureaucratiques, a transformé sa frustration en ambition.
En 2025, la déclaration de l’indépendance de Lanai n’était pas seulement un acte de rébellion ; c’était un défi lancé à la face du monde. L’île, désormais acquise en totalité par Ellison, allait être le théâtre d’une expérience sociale sans précédent ; la république de Lanai.
La République de Lanai : Un Nouveau Chapitre
Les premières années de la République ont été marquées par une série de manœuvres audacieuses. L’opposition unanime des Nations Unies et la menace de sanctions internationales n’ont fait qu’ajouter à la mystique de Lanai, qui utilisait habilement des filiales d’entreprises mondiales pour déjouer les tentatives d’isolement économique. On compte parmi les probables sponsors, des filiales secrètes de Tesla pour l’énergie, Red Bull pour le marketing, YouTube et Meta pour la diffusion des événements, et bien d’autres. Les premières diffusions d’épreuves sportives « spéciales » et surtout illégales, mêlant violences et dopage autorisés, ont rapidement attiré l’attention d’un public mondial, avide de spectacles sans limites.
2042 : L’Aube d’une Ère Nouvelle
Le premier match officiel de Bloodball (voir plus bas) en 2042, entre deux équipes non officielles portant les couleurs des États-Unis et de l’Allemagne, a été bien plus qu’un simple match. C’était une déclaration, une affirmation que Lanai ne jouait pas selon les règles du monde ancien. Le Bloodball, avec ses joueurs caparaçonnés se lançant dans une arène où chaque coup pouvait être le dernier, incarnait l’esprit même de Lanai : une quête de liberté absolue, de violence, de drames, de héros. La réalité dépassait subitement la fiction et les jeux vidéo.
Les Jeux de Lanai : Au-Delà de l’Imaginable
Dans les arènes de Lanai, les frontières entre le courage et la folie semblent s’effacer. Chaque sport, avec ses règles singulières et ses dangers mortels, sert de témoignage à la quête incessante de l’homme pour dépasser ses limites, souvent au péril de sa propre vie.
Mais les sportifs déchus, les repris de justice et les marginaux du monde y ont trouvé leur éden.
Du pain et des jeux ! Ou l’humain au centre de ses questions
Chacun de ces jeux, dans son essence, est une réflexion troublante sur notre nature. L’attrait pour ces spectacles morbides ne révèle-t-il pas une soif inavouée de voir jusqu’où l’humain peut être poussé, jusqu’à quel point il peut défier la mort ? En tant que journaliste, je suis à la fois fasciné par l’ingéniosité et l’audace de ces conceptions, et horrifié par la banalisation de la violence et du danger mortel qu’elles impliquent. Lanai, dans sa quête effrénée d’extrême, nous force à nous interroger sur le prix du divertissement et sur la fine ligne séparant la civilisation de la barbarie.
Un Précipice Culturel aussi jouissif qu’immoral
Aujourd’hui, en 2049, Lanai se dresse comme un phare de l’extrême, attirant ceux qui cherchent à échapper à un monde aseptisé, mais à quel prix ? Les succès de Lanai ont inspiré des imitateurs, faisant craindre aux États que le futur des loisirs humains ne soit marqué par une quête insatiable de sensationnel.
L’histoire de Lanai est un récit d’ambition, de résistance, et de controverse. Alors que le monde regarde, à la fois horrifié et captivé, l’île continue de défier nos notions de moralité, de sport, et de société. Les États régaliens semblent avoir perdu leur combat. Les sportlanairs sont déjà des stars, les retransmissions génèrent des milliards, et le public est massivement présent à chaque rendez-vous. Mais derrière le spectacle et les éclats de gloire, la question demeure : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour satisfaire notre soif de sensations fortes ? Lanai nous force à regarder dans le miroir de nos désirs les plus sombres, nous laissant méditer sur l’avenir que nous construisons.
Lexique des sports principaux :
Bloodball : Ce sport brutal, une dystopie devenant réalité, transforme une forme de football américain en un combat où chaque joueur, armé d’une armure semblable à celle d’un gladiateur moderne et d’armes de moins de 30 cm, d’après le peu de règles qui le régissent, peut être le nouvel héros ou la prochaine victime. La règle est simple : le ballon doit atteindre la zone adverse, mais la route est un champ de bataille où chaque coup peut signifier la fin. Les blessures graves et les morts ne sont pas des exceptions; elles sont intégrées dans le spectacle, attisant la fascination et l’horreur des spectateurs.
Malgré le nombre de joueurs (15), et le nombre de remplacements (10) possibles, les matchs se terminent parfois par forfait, lorsque 10 joueurs ou moins composent une équipe.
Les Courses « No Limit” : Imaginez des bolides fonçant à des vitesses vertigineuses, leurs conducteurs jouant une danse mortelle, où le moindre écart peut signifier une collision explosive. Ces courses, où l’agression est non seulement autorisée mais encouragée, repoussent les limites de la technologie et de l’endurance humaine. Les accidents mortels sont monnaie courante, et rouler à tombeau ouvert n’est plus une expression. Passer la ligne d’arrivée, coûte que coûte, en premier. Les règles ? Le véhicule doit rentrer dans une « box rule » qui définit son éligibilité. 3m de large, 5 de long, 2 de hauteur. Les armes sont au nombre de 3, à choisir dans la liste officielle.
Combats de Gladiateurs : Lanai a ressuscité les jeux antiques, avec une authenticité terrifiante. Armés d’épées et de boucliers, les combattants s’affrontent jusqu’au premier sang… ou jusqu’à la mort, si la prime en jeu le justifie. Chaque coup d’épée est un rappel glaçant de notre fascination ancestrale pour le sang versé en guise de divertissement.
Selon les sponsors des participants, certains bonus peuvent être accordés pimentant les paris.
Chasse à l’Homme : Peut-être le jeu le plus controversé de Lanai, il transforme la survie en spectacle haletant et terrifiant . Les « chassés », armés de rien d’autre que leur volonté de vivre, doivent échapper aux « chasseurs » équipés de tasers puissants. Les conséquences d’une capture ? Une douleur insupportable, voire la mort, dans un jeu macabre où être humain signifie être proie.
Le gagnant, dernier restant, empoche 1 million d’euros.
Concours de Culture Générale « sur la Planche » : Sur une plateforme oscillante à 25 mètres au-dessus des eaux infestées de requins, les participants répondent à des questions de culture générale. Chaque erreur les rapproche de la chute dans un abîme aquatique, où la lutte pour rejoindre la terre ferme à plusieurs kilomètres devient une question de vie ou de mort.