Depuis 2045, l’armée française a développé une nouvelle branche opérationnelle consacrée à la défense de l’environnement. La protection des  écosystèmes est par définition un enjeu qui dépasse le cadre national. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’agir en coordination avec d’autres pays sous l’égide de l’ONU. Les ennemis de l’ordre écologique mondial sont les États ou les acteurs qui contribuent à la pollution internationale, notamment ceux favorables au réchauffement climatique pour des raisons stratégiques. La décision de la Ruchine d’accroitre ses émissions de gaz à effet de serre pour augmenter la production industrielle et prendre le contrôle de l’économie mondiale fut considérée par le gouvernement comme un grave péril potentiel pour la préservation de la planète. Les satellites placés en orbite ont pu détecter les sites coupables de ces méfaits, et des tirs de lasers venus de l’espace ont permis de les neutraliser. 

Depuis le moratoire international sur la pollution de 2030, il est en effet interdit de polluer davantage, ce qui signifie un statu quo dans la production de nouveaux biens manufacturés. Les acteurs contrevenant à cet équilibre s’exposaient jusqu’alors à des sanctions financières, qui montrèrent toutefois leurs limites, n’étant pas suffisamment dissuasives. C’est la raison pour laquelle une réponse militaire a été jugée plus utile et adaptée à la situation. Elle repose sur l’envoi de troupes pour détruire les installations polluantes situées dans des pays contrevenants. 

Devant l’inefficacité des actions non violentes et face aux nombreuses catastrophes environnementales liées au réchauffement climatique, les mouvements écologistes se sont rapidement développés dans les principaux pays développés, au point de mener à leur tête certains de leurs leaders. En France, Alain Jardin, militant depuis plus de vingt ans au sein du parti écologiste français, est devenu Président de la République. Sa première décision fut de déclarer la guerre à la pollution. Son discours martial retentit comme un signal de ralliement pour de nombreux autres chefs d’État, sensibles à la cause écologique. Il faut dire que la circulation de nombreux nuages radioactifs sur toute la planète, ainsi qu’une pollution atmosphérique rendant impossible la vie dans plusieurs grandes villes, et des flux migratoires devenus intolérables pour un grand nombre de personnes, ont provoqué une prise de conscience rapide de la population. Jusqu’alors, le réchauffement climatique provoquait des feux de forêt importants. Puis, les océans devinrent tellement chauds que de nombreuses espèces disparurent. Les épidémies se multiplièrent, des espèces mutantes apparurent, s’attaquant aux humains. La nature semblait se révolter dans le but de rappeler l’humanité à l’ordre. Le savant James Lovelock avait averti de son immense pouvoir, et qu’elle pourrait causer la disparition de la civilisation si cette dernière exagérait dans son désir de contrôler l’environnement. Par exemple, en 2035, l’Europe dut faire face à une invasion de grillons cannibales, qui se déplaçaient en nuées constituées de milliards d’individus dévorant tout sur leur passage, des cultures aux êtres vivants, dont les animaux et les humains. Après une réponse chimique visant à exterminer ces parasites, une prise de conscience eut lieu au niveau politique. Les chercheurs ont en effet montré que l’émergence des grillons cannibales était une réaction à des tests chimiques visant à développer la culture des insectes dans un but alimentaire. L’entreprise Inseculture fut condamnée et déclarée responsable des nombreux dégâts et des multiples décès causés par les grillons. Mais ce n’était pas suffisant. Ces acteurs devaient être déclarés terroristes, comme des ennemis de la nation et soumis à de véritables réponses militaires. Les expérimentations scientifiques potentiellement néfastes à l’environnement, les usines ouvertement polluantes, devaient être fermées, quitte à causer une certaine décroissance. Pendant un certain temps, il convenait de limiter les nouvelles sources d’émissions de gaz à effet de serre et de produits chimiques afin que la nature ait le temps de se régénérer sans mener à des réactions excessives. 

Lutter contre les États favorables au réchauffement climatique

L’armée française utilisa donc son service de renseignement et ses satellites pour localiser les entreprises et États hostiles à l’environnement. À l’heure où les multinationales disposaient pour les plus puissantes de milices et parfois d’accords avec des armées d’États néfastes aux écosystèmes, il convenait de lutter contre leur influence négative par des actions violentes, et parfois par l’envoi de troupes pour neutraliser leurs installations. Environ dix États du monde appartiennent à l’heure actuelle à cette catégorie de danger. Le Tombouctan en fait partie. Il développe notamment une industrie très polluante reposant sur l’utilisation d’hydrocarbures pour réchauffer certaines parties de la planète. Il est accusé de corrompre les décideurs de pays froids attirés par cette technologie. Une véritable mafia favorable au réchauffement climatique a en effet vu le jour dans le monde, car certains pays y trouvent un intérêt économique. La France, et un grand nombre de pays voient leur activisme d’un très mauvais œil. Car ceux qui cherchent à accroitre le réchauffement climatique pour leurs propres pays nuisent aussi à ceux qui veulent le limiter. En effet, bon nombre de pays d’Afrique sont désormais devenus inhabitables. Leurs citoyens ont dû être accueillis par des pays moins touchés et aux possibilités d’hébergement parfois limitées. Les réfugiés climatiques se comptent par millions, et la catastrophe environnementale en cours menace de condamner à moyen terme un nombre croissant d’États. D’ores et déjà, les nouveaux paradis climatiques, à la tête desquels on trouve la Tombouctan et la Ruchine, cherchent à imposer un nouvel ordre international duquel ils seraient les nouveaux leaders. Devenus les nouveaux greniers du monde, ils menacent de cesser de nourrir les autres pays s’ils n’obéissent pas à leurs injonctions culturelles parfois contraires à celles des nations occidentales. 

Dans ce contexte, l’armée a fort à faire. Elle doit lutter contre les pays affirmant haut et fort leur souhait de voir la planète continuer à se réchauffer. Pour cela, Alain Jardin a créé une section « Armée écologique ». L’enjeu est de lutter contre les stratégies de ces ennemis d’un ordre naturel international jusqu’alors plutôt favorable à la France. 

L’an dernier, la guerre menée sur le sol ruchinois a mené à la neutralisation d’un grand nombre de ses usines de réchauffement climatique. Les températures habituelles de ce pays étaient situées autour de cinq degrés en moyenne annuelle. Son but était de monter à quinze degrés, afin de développer une agriculture de pays tempéré. De plus, il estimait que cette activité réchaufferait les pays voisins et lointains, détruisant leurs économies et les rendant dépendants de leur propre système agricole. Les cheminées d’augmentation thermique, répandues dans la plupart des dix États favorables au réchauffement climatique, sont protégées par l’armée, parfois par des centaines de soldats. À terme, si rien n’est fait, la Terre pourrait se réchauffer de dix degrés, causant des milliards de morts humains et la disparition de nombreuses espèces. C’est la raison pour laquelle la lutte contre ces acteurs est devenue un enjeu militaire fondamental pour la survie de notre civilisation. 

La guerre contre le réchauffement climatique passe donc par la localisation des États dangereux pour la sureté de la planète. Trop longtemps, nos décideurs ont fait preuve de candeur, pensant que cette lutte était admise par la totalité des acteurs de la planète, prenant l’environnement comme un bien commun à préserver. Mais il n’en est rien. Certains individus particulièrement cyniques ont vu dans ce nouveau péril un facteur à prendre en compte pour asseoir leur domination et éventuellement pour conquérir le monde.

Vers des armes non polluantes

Dans le même temps, l’armée française est en train de développer des armes écologiques. La plupart des bombes, chars, avions et autres systèmes de destruction étaient jusqu’alors particulièrement polluants. Parfois, il était même considéré que plus une arme nuisait à l’environnement d’un territoire ennemi, plus elle avait de valeur. Mais Alain Jardin a imposé la mise en place d’un nouveau programme de R&D visant à déployer des armes ne nuisant pas aux écosystèmes. Les attaques neuropsychiques par impulsions électromagnétiques seront ainsi utilisées pour neutraliser les ennemis. Ces ondes télépathiques s’attaqueront uniquement aux systèmes cognitifs des ennemis, les rendant inopérants intellectuellement pendant plusieurs heures, voire définitivement, permettant une invasion de leurs territoires sans nuire à leur environnement naturel. Les bombes neuropsychiques ne sont que la partie visible d’un vaste programme confidentiel cherchant à développer l’arsenal du futur de l’armée française. 


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26 juil. 2023