Les mirages de la conquête spatiale ont fait une nouvelle victime : le corps sans vie d’un jeune homme a été découvert à l’arrivée de la navette spatiale qui assure les rotations entre l’orbite terrestre et le chantier de Lagrange Gamma.
Les premières constatations révèlent que le passager clandestin est mort d’asphyxie, au moment de la dépressurisation des soutes, consécutive au départ. La soute dans laquelle le malheureux avait pris place était prévue pour le transport de denrées non-périssables. Le corps a été retrouvé congelé. Les soutes ne sont pas chauffées sans pour autant être aux températures extrêmes du vide spatial. On a retrouvé près du corps une musette contenant un thermos et diverses victuailles. Ces dernières précautions n’auront eu aucun effet sur sa survie.
Ce nouveau drame est un sérieux indice sur le manque de contrôle des mouvements des populations spatiales. L’accélération des constructions hors terre va en s’accélérant. On ne compte pas moins d’une centaine d’opérateurs spatiaux (compagnies spatiales, minières, de fret spatial, constructeurs de vaisseaux comme de satellites, agences d’intérim de personnels extravéhiculaires…), sans prendre en compte les sous-traitants, qu’ils soient charpentiers-métallos, électriciens, climaticiens et autres informaticiens. Pour tous ces hommes et femmes, il n’aura fallu qu’un stage de capacité orbitale, sanctionné par une simple visite médicale.
Le jeune homme décédé aurait dû être de retour sur Terre depuis plusieurs semaines. Personne ne s’était inquiété de cette absence, en tout cas, pas son employeur. Les enquêteurs cherchent de possibles complicités qui lui auraient facilité l’accès de la navette et apporté une assurance d’emploi, arrivé à destination. Ce qui laisserait supposer l’existence d’un marché du travail au noir dans les chantiers hors terre. Ceux-ci n’emploient pas loin de 3500 personnes, tous chantiers confondus. Il n’existe aucun chiffre officiel sur cette population.