Le tag, expression graphique et populaire, a oscillé entre art et transgression dès sa naissance.
Pour nombre d’élus, l’arrivée et la généralisation des surfaces nanotechs semblaient sonner le glas des tags jugés coupables : dopées sous stéroïdes » nanotech, les nouvelles surfaces et les peintures devenaient résistantes aux bombes de peinture et aux feutres des tagueurs. Pendant une quinzaine d’années, on a vu les tags contraints de rester aux confins des villes, dans les parties les plus pauvres, les moins rénovées.
Dans le même temps, les nanotechs ont continué leur conquête de tous les pans de la société. Il ne fallut guère de temps pour voir l’arrivée de peintures elles-mêmes nanotechs et, sous peu, à des prix accessibles à tous.
Aujourd’hui, un tagueur travaille son art à des coûts sensiblement identiques aux outils des tagueurs des générations précédentes. Alors les tags sont repartis à la conquête des centres-villes, vivifiés, renforcés par cette longue décade d’exil.
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Renaissance pour certains, éternel scandale pour d’autres, le tag n’en est pas moins une expression artistique à part entière, même si sa période de sommeil en a arrangé et rassuré plus d’un… Le tag est une image, une représentation de notre urbanité, une expression des diversités et des disparités des vies qui se croisent et se percutent, parfois à contre cœur, sur les trottoirs de nos mégapoles.
Les municipalités ont beau « réactiver » leur appareil législatif répressif contre les tagueurs, le tag reste pertinent. Le tag exprime la distance qu’il existe entre diverses tranches de la société. Le tag est le point de jonction, de communication entre ces sous-groupes sociaux qui n’ont pourtant guère de points communs.
Le tag continue à déranger et à faire peur. Le tag est comme un caillou dans nos chaussures trop propres, qui nous rappelle que, avant de nous abriter dans nos villes ultra modernes et policées… que, au-delà de ces mêmes territoires trop bien éduqués et tirés au cordeau, il y a une autre réalité, parfois violente mais sûrement sauvage… Et qu’il faut aussi être et rester en réaction contre un establishment qui peut tourner à la somnolence suicidaire.
© Olivier Parent
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