Il y a une quarantaine d’années, l’Europe, en pleine construction, se déchirait autour de ce qui allait devenir sa première constitution. Le pugilat constitutionnel frôla maintes fois la gabegie. Il dura près de deux décades. Aujourd’hui, l’Europe se trouve à marcher à nouveau dans ses propres pas.
En son sein, avec une communauté forte de 35 membres, les divergences de politiques s’assemblent en sous-groupes de plus en plus identifiés. Certains restent attachés à leur identité nationale, d’autres appellent à une plus grande intégration, allant jusqu’à évoquer une nation européenne.
Identité européenne opposée à identité nationale : voilà un débat que les pères de l’Europe auraient eu du mal à imaginer dans les années 1950. Cette réalité toute contemporaine justifie, pour certains, l’ouverture de nouveaux travaux pour la Commission Constitutionnelle Européenne.
Et l’on voit ressurgir le vaisseau fantôme de l’Europe à deux vitesses. Et l’on redécouvre les « enthousiastes » qui veulent toujours plus d’intégration européenne en y intégrant, aujourd’hui, une composante euro-nationaliste – terme au combien délicat. A l’opposé, se situent les « pragmatiques ». Ces derniers veulent toujours prendre plus de temps dans leurs choix, quitte à « déconstruire » les acquis de l’actuelle constitution.
Au sein des membres de la Communauté Européenne, il existe un troisième groupe, non négligeable. C’est un ensemble de pays qui voudraient bien se passer des dysfonctionnements de l’administration européenne, conséquences avouées ou non des déchirements provoqués par ces interrogations constitutionnelles.
« 15 à 20 ans de palabres tous les 50 ans… c’est cher payé pour une constitution ! » disent, avec une pointe d’exaspération, ces européens convaincus mais sceptiques constitutionnels !
Ce texte fait partie de la collection « Carnets d’avenirs », chroniques radio diffusées sur radio RGB.